Le bout de la ligne (enfin, presque...)
- Dominic Fugere
- 8 nov. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 nov. 2023
Quand on parle du Sud des États-Unis, on fait généralement référence au « Dixieland ». Bon, c’est moins en moins le cas depuis la recrudescence des manifestations racistes (ex. le Unite the Right Rally de Charlottesville en 2017). Le groupe country les Dixie Chicks s’appellent désormais les Chicks, et le Dixie Stampede de Dolly Parton à Pigeon Forge est devenu Dolly Parton’s Stampede parce que la grande dame du country sait que ce n'est pas bon pour les affaires d'offusquer les gens.
Plusieurs théories tentent d’expliquer l'appellation « Terre de Dixie » Parmi elles, le nom de la ligne Mason-Dixon qui délimitait à l’époque de la guerre civile américaine les États confédérés au Sud à ceux de l’Union au Nord. Mais elle n’a pas été tracée pour ça: elle le fut plus de cent ans avant, au moment de la colonisation européenne, par le géomètre Charles Mason et l’astronome Jeremiah Dixon britanniques guidés à travers le territoire par un groupe de Mohawks de chez nous

L’expédition visait à régler la dispute de territoire entre les colonies britanniques de la Pennsylvanie et du Delaware, octroyées à William Penn et celle du Maryland, fief de George Calvert, baron de Baltimore.
Les États du Sud se sont approprié l'appellation « Dixie » pendant et après la guerre de Sécession. Le mot est donc associé aux bonnes vieilles valeurs du Sud, comme Elvis le chante dans la chanson American Trilogy (apparemment qu’il ne faut pas lire les textes des trois chansons du répertoire traditionnel américain compilés par l’auteur Mickey Newbury au premier degré…)
En fait, il ne faut surtout pas oublier que les titres assemblés par Newbury sont, oui, Dixie, non, pas celle d'Harmonium mais bien un hymne sudiste souvent interprété dans les spectacles de ministres en blackface et reconnu comme une chanson de ralliement de l'armée confédérée mais aussi l'hymne de marche unioniste dans lequel résonne « Glory, Glory Allelulia » et la berceuse (possiblement) bahamienne All My Trials, souvent liée à la lutte pour la justice sociale dans les années 50 et 60 aux États-Unis tout en étant (peut-être, ce n'est pas tant prouvé) une chanson faisant partie du répertoire folklorique des esclaves des États du Sud. On dit des fois que toutte est dans toutte mais dans ce cas-ci, il semble plus que Toutte est dans' toune. (POUDOUMTISH).
On a voulu aller voir cette frontière, lieu de batailles sanglantes, mais aussi lieu de cette promesse de liberté pour d’autres dont le sort dépendait de l’issue de ces luttes.
Sur la route entre la Pennsylvanie et la Virginie occidentale se trouve le Parc Historique de la Mason-Dixon Line.

En fait, peu de gens savent que le dernier marqueur de la ligne originale Mason-Dixon se trouve le long de ce sentier en boucle de Virginie-Occidentale. Ça se termine là parce que les Mohawks qui les accompagnaient le géomètre et l’astronome ont refusé de continuer.
Jusque là ils n'avaient que traversé les territoires des Six Nations Iroquoises (Mohawk, Cayuga, Onondaga, Oneida, Seneca et Tuscarora) avec qui il était était relativement facile pour les guides mohawks de parlementer .
En revanche, pas question de se frotter aux Shawnees dont le territoire débutait ici. Les guides ont demandé une audience avec leurs donneurs d'ouvrage britanniques et leur ont dit qu'ils ne feraient pas un pas de plus passé Brown's Hill..
C’est ainsi que cinq ans après le départ de l’expédition, avec 23 petits milles à compléter, Mason,Dixon et leur groupe plaçaient leur dernier marqueur. le dernier bout de ligne n’a été arpenté qu’une vingtaine d’années plus tard par les Américains Andrew Ellicott et David Rittenhouse. Après tout, on se partageait des terres qui étaient déjà habitées et pas pire organisées…
Pis les Kardachiennes là-dedans ? Ben y’a le mot sentier.

Donc on prend des leçons d’histoire en les promenant. C’est notre truc d’Université-de-la-vie. Sauf qu’il pleuvait grave. Mais la place est tellement bien aménagée avec des abris, des tables à pique nique propres bien au sec, des toilettes (des vraies toilettes! Mixtes en plus!). Pas mal plus accuillant que ce que s'imaginaient les guides mohawks!
Moi et les filles, s’est plu en contemplant la place pendant que Dominic nous faisait des toasts à la torche au butane pour emballer notre poulet et notre roquette achetés au IGA Kraft de Notre-Dame-de-Grâce.
Le tout accompagné de nos MILLIERS (ben, presque) de légumes des Jardins Bio Campanipol. De la ferme à la sandwich, de Ste-Geneviève de Batiscan (Québec) à Pentress (Virginie-Occidentale). Parce qu’on voyage léger grâce à notre glacière électrique!
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Toilettes unisexes et pinottes géantes

Le débat des toilettes mixtes a fait les manchettes au Québec en septembre. Arrivés dans le Sud des États-Unis, où il se vote allégrement des lois anti-LGBTQ2+, c’est avec étonnement… non plutôt STUPÉFACTION! qu’on a pu faire pipi dans des toilettes UNISEXES.
En plein dans le parc de la ligne Mason Dixon en Virginie-Occidentale Bon, on était techniquement dans un des États de l'Union mais quand même!
Un vrai safe space pour nos Kardachiennes qui sont queer (je sais je sais… ce sont des chiens. Mais elles aiment tous les êtres vivants sans discrimination, sauf les tiques, évidemment).
lles ont pu dîner en toute quiétude avec du bacon volé au buffet déjeuner de notre hôtel à Buffalo (Go Bills!). C’est une de mes choses préférées: rapporter du stock du buffet de déjeuner gratisse ou des doggie bags de repas trop ambitieux au resto pour faire les lunchs de route. Pour nous ou nos doggies, c'est selon. Ça permet de s’arrêter manger dans les parcs ou autres endroits curieux de bord de route.

On a cette manie deprendre des pauses pour admirer les pinottes géantes. Comme en décembre 2017 en Georgie, en direction de la Floride où on avait réchauffé nos restes de poulet du Stampede de Dolly Parton (qui s'appelait encore Dixie à l'époque) sur le dégivreur de la voiture. Et cette année, en Alabama, sur le site du Festival national de la pinotte de Dothan. Tout goûte meilleur à côté d’une pinotte géante. Toutte.
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